À l’occasion de la cérémonie de lancement du Festival International du Zaouli (FEIZA), le 12 octobre dernier à Bouaflé, Afrikcivnews.com s’est entretenu avec Monsieur KOFFI Amani, conseiller régional, président de la commission culture du Conseil Régional de la Marahoué, et Commissaire général du Festival International du Zaouli (FEIZA).
AFRIKCIVNEWS.COM : vous venez de procéder au lancement de la première édition du Festival International du Zaouli (FEIZA). Quelles sont les principales motivations qui ont milité à la création de ce festival ici à Bouaflé ?
KOFFI AMANI : Les motivations de ce festival sont de deux ordres. Il y a d’abord une motivation institutionnelle. Je rappelle que le Zaouli est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 6 décembre 2017. Et un festival dédié au Zaouli fait partie des recommandations de l’UNESCO.
Ensuite et sur le plan purement socio-culturel, la région de la Marahoué est fortement marquée par la culture. Et nous qui avons pour ambition de transmettre aux générations futures le savoir-être, le savoir-faire, et le savoir vivre dans nos différentes communautés, devons à travers ce festival agir en faisant la promotion de cette riche culture. D’où le FEIZA
AFRIKCIVNEWS.COM : Quelles sont les différentes articulations du FEIZA ?
KOFFI AMANI : le FIEZA est d’abord et avant tout institutionnel. En tant que tel, il y aura deux grandes articulations : Une journée scientifique sera organisée par un comité scientifique que nous avons mis sur pied. Cette journée sera déclinée en panels, des conférences et des communications d’anthropologues, d’archéologues, de sociologues et même de linguistes.
La partie festive, le deuxième axe de ce festival va faire ressortir l’aspect artistique et artisanal de la Marahoué. C’est ce qui va véritablement meubler ce festival.
Vous savez, c’est la première édition. Nous avons un devoir de mémoire envers ceux qui ont créé le Zaouli, envers des gens qui dans leur domaine ont œuvré véritablement pour la promotion de la culture dans notre région.
AFRIKCIVNEWS.COM : Comment le FEIZA contribuera-t-il à la promotion de la culture locale ?
KOFFI AMANI : Au plan local, vous voyez que ce n’est pas faute de festival que nous organisons le FIEZA. Malheureusement les festivals qui existent jusqu’ à présent n’ont pas une taille nationale, encore moins internationale.
Et souvent ces festivals meurent parce que les initiateurs et les praticiens n’arrivent pas à vivre de leur art. C’est le lieu de souligner que l’une des exigences de l’UNESCO pour inscrire un élément immatériel sur sa prestigieuse liste, est la fonction économique. Il faut donc impérativement que le FIEZA soit viable au plan économique. C’est dire que les participants et autres acteurs du FIEZA doivent trouver leur compte, au plan économique s’entend. Je souligne qu’outre la danse, le Zaouli regroupe plusieurs autres domaines d’activités que sont la sculpture, la teinture et la peinture. Tant que tous ces différents acteurs du Zaouli pourront s’exprimer et vendre leur art, ils vont continuer à produire. Mais le jour où l’artiste ne pourra plus vivre de son art, naturellement il peut abandonner et chercher à faire autre chose. Voici un autre aspect du défi de ce festival Zaouli
AFRIKCIVNEWS.COM : Justement, quels sont les objectifs en termes de développement économique et touristique pour la région ?
KOFFI AMANI : les retombées socio-économiques sont multiples. Quand vous voyez les officiels, ils n’ont pas été choisis au hasard. Le Premier ministre est à la tête du gouvernement embrasse tous les domaines de développement du pays. Il est le Haut patron du festival, le Président du Conseil économique social environnemental et culturel en est le Patron. Donc vous comprenez que l’élément culturel s’inscrit déjà dans la vision de l’Etat de Côte d’Ivoire. Le Parrain, c’est le Ministre des transports. On peut se demander, que vient chercher le transport dans un domaine culturel? Mais un élément culturel en exhibition ou en production devient un élément touristique; et on ne peut pas parler de tourisme sans parler de transport. On ne peut pas parler de tourisme sans parler d’hôtellerie. On ne peut pas parler de tourisme sans parler de la gastronomie, c’est-à-dire la restauration. Et quand tout cela, pendant sept jours, dans une région, sont impactés : les commerçants des viviers, les producteurs, tous ceux-là, chacun aura quelque chose.
AFRIKCIVNEWS.COM : Quels défis rencontrez-vous dans l’organisation de ce festival et comment comptez-vous les surmonter ?
KOFFI AMANI : Pour le moment nous rendons gloire à Dieu. Les populations accueillent avec beaucoup de ferveur et de joie cet événement qui manquait à cette région, à cette grande région… Pour la première fois, les ivoiriens vont se retrouvent sans distinction d’ethnie, sans distinction de religion, sans distinction de chapelle politique. Je crois qu’après le sport, la culture occupe une grande place dans le cœur, dans la mentalité des ivoiriens. Et c’est ce que je tenais à révéler
Mais comme toute entreprise humaine, quelques difficultés dans sa réalisation subsistent. Mais ce ne sont pas des difficultés majeures. Tant que pour la réussite d’un projet la première ressource est disponible, c’est-à-dire les ressources humaines, le reste va suivre. Nous avons du talent, nous avons des cadres, nous avons la population, les femmes et les jeunes. Cela a été visible lors de la cérémonie de lancement. La chefferie traditionnelle a été fortement représentée, les femmes étaient vraiment mobilisées, la jeunesse aussi…Je pense que c’est un événement qui promet. Sans tomber dans l’autosatisfaction, je voudrais dire que pour le moment, tout se passe bien.
AFRIKCIVNEWS.COM : Que dites vous aux cadres et autres personnes ressources pour qu’ils s’approprient et contribuent à perpétuer cet héritage culturel du peuple Gouro?
KOFFI AMANI : A l’adresse des cadres et aux personnes ressources, je dis et je le répète, tout projet a en face de lui trois catégories d’individus : la première catégorie est celle qui comprend tout de suite et qui l’accompagne, et de fois même devance dans les prises de décisions des initiateurs.
La 2e catégorie, ce sont ceux qui, souvent, ne croient que quand ils ont vu. C’est-à-dire ceux qui tirent leur motivation dans la réalisation du projet. Ils l’acceptent et l’adoptent par la suite.
La 3e catégorie, ce sont ceux qui ne vont pas comprendre. Et parmi eux, il y a deux sous catégories d’individus : ceux qui ne peuvent pas comprendre qu’on peut tolérer. Car, soit ils n’ont pas l’expérience nécessaire ; soit ils n’ont pas l’entendement suffisant pour apprécier les bienfaits de ce projet. Et il y a ceux qui ne veulent pas comprendre du tout. Pour ceux qui ne veulent pas comprendre ce n’est pas la peine de perdre le temps à leur expliquer le projet. Parce qu’ils se ferment au projet et je peux dire que ce sont des gens de mauvaise foi. Tu perdras ton temps en voulant forcément les associer au projet.
Mon appel, c’est à tous les cadres, à tous les fils, à toutes les filles de la région de la Marahoué sans clivage politique, ethnique, religieux, sans distinction de niveau social, pour qu’ils s’approprient le projet du FEIZA.
Car enfin, nous aurons une vitrine qui pourra motiver ceux qui sont dans la diaspora à avoir un comportement calendaire calqué sur la régularité de ce festival. Ils pourront dire : de telle période à telle période, la Côte d’Ivoire se retrouve chez moi, le monde entier se retrouve chez moi. Nous avons notre fête, nous avons notre célèbre festival, une cérémonie annuelle qui regroupe toutes les sensibilités et donc chacun et chacune devra s’approprier ce projet, expliquer ce projet à ceux qui n’ont pas encore compris et qui le veulent bien, tout en apportant leur contribution.
Dans un tel projet, même une aiguille compte, une petite lame compte, un petit caillou compte, dans la manutention, dans l’exécution et comme on le dit souvent aussi, il y a trois types de bailleurs: les bailleurs d’idées je pense qu’ils sont là. Les bailleurs de fonds, nous en cherchons toujours mais il y en a. Et puis, il y a les bailleurs d’énergie. Ceux qui exécutent.
AFRIKCIVNEWS.COM : Votre mot de la fin
KOFFI AMANI : Pour terminer, je voudrais vous dire merci et dire merci à toutes les autorités qui se sont associées à la cérémonie de lancement et puis demander à la population de la région de la Marahoué de s’apprêter pour les 2, 3,4,5,6,7 et 8 décembre 2024 , à accueillir beaucoup de monde parce que les ministres seront là les présidents d’institution seront là, des ambassadeurs seront là, l’UNESCO sera là et toutes les régions de Côte d’Ivoire qui ont été associées pleinement seront là. Le parrain de la cérémonie, le Monsieur Amadou KONE, Ministre des transports et Président de l’UVICOCI, sûrement, viendra avec des maires. Le Président Aka Aouellé, Président de l’ARDCI, la faîtière des régions et districts de Côte d’Ivoire. Son Excellence Robert Beugré Mambé, Chef du gouvernement, le Haut patron de la cérémonie, sûrement viendra avec des ministres du gouvernement de Côte d’Ivoire.
Et nous avons dans la sous-région des pays amis de la Côte d’Ivoire qui ont affiché leur volonté de venir participer à ce festival. Nous demandons à la région et à toute la Côte d’Ivoire de se prédisposer à faire de cette première édition du FEIZA, un véritable succès. Le monde agricole n’est pas en reste, puisque parmi les invités d’honneur, figure en très bonne place le Ministre Kobenan Adjoumani de l’agriculture qui viendra sûrement communier avec nos producteurs, nos vaillants agriculteurs, nos parents.
Chaque année nous allons nous retrouver pour célébrer la culture dans le mois de décembre parce que cette période coïncide avec la date anniversaire de l’inscription du Zaouli au patrimoine mondial de l’UNESCO, le 6 décembre. Donc vous voyez que le 6 décembre est encadré : 3 jours avant et 3 jours après, ça fait une semaine de festivités non-stop.
Interview réalisée par Oumeakov YAO
Correspondant régional