OUATTARA AU CONGRES: un discours fait «du déjà entendu», réactions des députés

En effet, face aux deux chambres réunies en congrès au Sofitel Hôtel Ivoire, ce mardi 18 juin 2024, le Président de la République, Alassane Ouattara,  a parlé sans rien apprendre de nouveau aux ivoiriens; ni suggérer de nouvelles orientations.

Le Président Alassane Ouattara, face au congrès, a redit ce que le Premier ministre, Robert Beugré Mambé, n’a  eu de cesse de dire sur la cherté de la vie (c’est compliqué aujourd’hui, vous allez comprendre demain, ce sont les mathématiques), et réciter les chiffres mirobolants des ministres Mamadou Touré  et Amédée Kouakou. Le tout assorti d’autosatisfaction et de félicitations aux membres du gouvernement. Quant aux défis existentiels des populations, le congrès a entendu le cœur du président Alassane Ouattara dire « attendez, repassez demain ».

 Alors que la nation ivoirienne attendait du Président Alassane Ouattara qu’il dise le mot de paix, de cohésion sur nombre de préoccupations qui jonchent le chemin de la vie quotidienne des ivoiriens. Un quotidien rythmé par la cherté de la vie, les factures de l’électricité qui sont passé du simple au double, l’insécurité à nos frontières nord, l’angoisse de la présidentielle de 2025, surtout que depuis 2010  les ivoiriens ne connaissent que des élections présidentielles heurtées, parce que non consensuelles et donc non paisibles.

Aujourd’hui encore le dossier de la non inscription sur la liste électorale du président du PPA-CI, Laurent Gbagbo, donc son inéligibilité, l’article 185 soudainement introduit dans le marigot politique ivoirien et probablement le quatrième mandat du président du RHDP, jugé inconstitutionnel par ses adversaires politiques, sont là pour alourdir un climat par trop sombre déjà. Face à tout cela, la loi de l’omerta a été servie au congrès et au-delà à la nation, par le Président de la république, Alassane Ouattara. Et comme on le dit trivialement, après dix et quinze ans, on ne gouverne plus, on règne.

REACTIONS DES PARTICIPANTS ET INVITES :

MABRI TOIKEUSSE : « Je suis satisfait devant l’éloquence du bilan »

« Je suis satisfait devant l’éloquence du bilan. Le Président a dressé l’état de la nation. C’est un bilan éloquent dans tous les secteurs. Evidemment, il y a des choses en cours contre la cherté de la vie, la question du logement où le président prévoit d’améliorer l’accès au logement  à nos concitoyens.

Ce bilan nous apporte satisfaction totale. Moi je n’attendais pas d’annonce particulière sinon que l’état de la nation dressée secteur par secteur. D’où les félicitations du président aux membres du gouvernement et à l’ensemble du gouvernement.

Maintenant le président peut, à l’occasion  de ce bilan, souligner quelques points de la vie nationale. Cela n’a pas été le cas aujourd’hui. Il a dit qu’à une autre occasion, on pourrait avoir des annonces. Il n’y a pas a être deçu et je lui dis mon admiration.

Peut-être que certains s’attendaient à une déclaration sur la présidentielle. Mais le parlement n’est pas le cadre approprié. Nous sommes RHDP et le président est le chef du parti et nous ferons le débat en interne. Evidemment nous sommes en ordre de bataille pour l’accompagner en 2025 ».

Me BLESSY JEAN CHRYSOSTOME : député PDCI-RDA « Je ne suis pas satisfait de ce discours face au congrès »

« Le discours du président est plat, ennuyeux. C’est un copier-coller de ce que chacun des ministres a pu donner. C’est une litanie de satisfecit. Lorsqu’on présente les résultats d’une équipe, on présente et on critique. Lorsque je serai dans ma circonscription de Béoumi, on me demandera : le président a dit que le problème d’électricité sera réglé. Est-ce qu’en réalité ce problème d’électricité à Béoumi, interrompu à 8 heures et qui revient à 23 heures, sera réglé ? Je ne saurai quoi leur dire. Je ne suis pas satisfait de ce discours face au congrès ».

JEAN GERVAIS TIEDE, Porte-parole du PPA-CI : « Nous notons qu’il n’y a rien sous le soleil. »

« On s’attendait à ce que le chef de l’état fasse des annonces qui iraient dans le sens de ce que la présidentielle  de 2025 va se faire dans le calme et sans angoisse. Les questions pendantes au niveau du PPA-CI sont la gratuité de la CNI, l’inscription sur la liste électorale du Président Laurent Gbagbo. Nous espérons au moins que le président annonce  au moins l’ouverture du dialogue politique pour une discussion sur ces sujets. Le PPA-CI a écrit au gouvernement et nous attendons une réponse. Le Président s’est contenté de lister ses succès  enregistrés d’après lui par le gouvernement. Nous notons qu’il n’y a rien sous le soleil. »

MICHEF GBAGBO : « je me suis demandé qu’est-ce que je faisais dans la salle »

« Je suis venu avec deux préoccupations : si le président Laurent Gbagbo conformément à la loi pourrait être candidat comme il le souhaite ? si comme ses frères africains, le président voulait faire un troisième, un quatrième mandat ? sur ces deux points, je n’ai pas eu de réponse et je suis resté sur ma faim. Il a laissé entendre que cela se ferait prochainement. Ce sont des suppositions et moi je m’en tiens aux faits. Et concernant les faits, il a donné des chiffres dont je doute fortement. Parce que nous avons d’autres sources qui ne vont pas dans le même sens. Pour toutes ces raisons, je me suis demandé qu’est-ce que je faisais là ce matin ? Franchement je suis resté sur ma faim et le combat sur la démocratie, on va  le continuer ».

ASSALE TIEMOKO : Un discours sur l’état de la nation, c’est un discours sur l’état de l’état de la santé politique,  démocratique, économique, sociale etc, de la nation

« Un discours sur l’état de la nation, c’est un discours sur l’état de l’état de la santé politique,  démocratique, économique, sociale etc, de la nation.

On peut y dire que beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire.

On peut y dire que tout va bien ou certaines choses ne vont pas bien.

On peut y dire que tout va bien et qu’il n y a rien à signaler.

En l’occurrence, le président a dit que tout va bien, nous sommes champions dans plusieurs domaines.

Moi, je pense plutôt que la constitution doit être modifiée pour supprimer le Sénat et donc le Congrès.

Le premier ministre ou le ministre de l’économie peut passer devant l’assemblée nationale pour présenter l’état de la nation au cours d’une séance plénière.

Dans cet auditorium du Sofitel hôtel Ivoire où j’étais, j’ai observé le nombre de députés et de sénateurs et la seule question qui m’est venue en tête était : A quoi tout ce monde sert au peuple de Côte d’Ivoire ?

Quelle est notre utilité pour le peuple de Côte d’Ivoire qui est sur les genoux et qui doit trouver chaque mois des milliards pour nourrir tous ces gens?

Les députés ne servent qu’à voter des projets de loi, aucune solution qu’ils proposeraient pour améliorer la vie politique ou le sort des Ivoiriens n’a la moindre chance d’être programmée pour débat. L’institution parlementaire ne fonctionne pas bien. »

Aristide YAHAULT

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