Pour la société ivoirienne SMB, difficile d’atteindre les niveaux d’activité record de ses deux dernières années, après la Coupe des Nations 2024. Elle enregistre une contre-performance au 3e trimestre 2024.
Le géant ivoirien de l’industrie du bitume, la Société Multinationale de Bitumes (SMB), a dévoilé des résultats en demi-teinte pour le troisième trimestre 2024. Bien que le chiffre d’affaires affiche une légère progression de 1% à 180,96 milliards FCFA (environ 299 millions $), le résultat net, lui, accuse une chute importante de 56% par rapport à la même période de l’année dernière, pour s’établir à 5,37 milliards FCFA. Sur toute l’année 2023, SMB avait enregistré un bénéfice exceptionnellement élevé de plus de 17 milliards FCFA (+83%), malgré une baisse de son chiffre d’affaires de 10%.
L’impact de la CAN, moteur temporaire
Cette baisse drastique s’explique en grande partie par la fin des travaux liés à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2024, un événement pour lequel SMB avait activement participé aux projets d’infrastructures, disposant des seules usines de bitume dans la sous-région.
Ces chantiers, véritables moteurs pour le secteur du bitume, avaient dopé l’activité de l’entreprise entre 2022 et 2023 au fort des préparatifs, lui permettant de capitaliser sur une forte demande. Mais avec la clôture de ces travaux, SMB se retrouve confrontée à un trou d’air : le résultat des activités ordinaires s’effondre de 58%, atteignant 7,17 milliards FCFA contre 16,92 milliards FCFA, un an plus tôt.
Une dépendance coûteuse aux grands projets
Ce ralentissement met en lumière une dépendance aux grands projets publics et privés, qui fait de SMB une entreprise vulnérable aux cycles d’investissement dans les infrastructures. Si les chantiers de la CAN ont porté les résultats de l’exercice précédent, leur absence aujourd’hui crée un creux difficile à combler. Cependant, SMB entrevoit une lueur d’espoir pour la fin de l’année.
En ligne de mire, deux projets majeurs initiés par l’Etat ivoirien : le Plan National de Développement (PND 2020-2025) et le Projet de Connectivité Rurale (PCR 2023-2029), dont certains chantiers vont encore atteindre leur vitesse de croisière alors que les élections ivoiriennes s’approchent. Ces initiatives, orientées vers l’amélioration des infrastructures routières et le désenclavement des zones rurales, devraient stimuler la demande en bitume et générer un regain d’activité pour SMB. Sauf qu’il faudra aussi compter sur la conjoncture économique, marquée déjà par un surenrichissement des coûts des emprunts et des déficits publics difficiles à combler dans la plupart des pays de la sous-région. Cet état de chose pourrait freiner l’accélération des grands travaux.